top of page

C’est à la société pétrolière Melrose et à la compagnie Texane Noble Energy que le gouvernement Sarkozy a accordé en novembre 2002 un permis pour effectuer de la prospection pétrolière. La zone de prospection est située à 50km des côtes provençales, non loin du parc national aquatique de Corse du Pélagos. D’après les informations dont disposent les médias, Melrose possède 75,2% du projet avec son partenaire texan qui apporte son expertise en forage offshore. Les deux sociétés ont d’ores et déjà procédées à des tests sismiques dans la zone et à des relevés en 2D. Le pétrole serait localisé sous une croute à une température de 100°C, à une pression dépassant les 600 bars. Quant à la profondeur, elle serait de plus de 1000m. Pour l’instant le forage offshore le plus profond et à 2930m dans le golfe du Mexique. Aucune information ne circule sur la taille possible du gisement mais le chiffre de 200 millions de barils aurait été avancés par un élu local. De quoi faire tourner une production pendant au moins 15 ans. Prochaine étape, les puits d’exploration test. Des puits d’exploration pourraient-ils y être construits, à côté du Parc national de Port-Cros et des Calanques ? Mais le gouvernement socialiste a refusé de renouveler le permis pour la zone arguant que la technique de détection sismique utilisée fait fuir la faune aquatique. Entre temps la société Melrose a été rachetée par l’irlandaise Petro Celtic. Sur son site la compagnie Irlandaise ne fait aucune mention de projet en méditerranée. Mais quel seraient vraiment les impacts d’une économie pétrolière pour la région de Marseille ? Une question qui intrigue et qui intéresse la classe politique locale en raison de ses retombées économiques.

Du pétrole à Marseille, quelles retombées ?

Car Marseille ville pauvre et endettée pourrait réellement avoir besoin des revenus pétroliers reversés à la région PACA. Faisons fis du tabou de l’argent un court instant, la cité phocéenne n’a pas bonne réputation auprès de ses créanciers et des organismes financiers. 2 milliards d’euros de dette et une note d’AA- accordée par différentes agences spécialisées comme Moodies et Fitch. Il faut le savoir que quand une compagnie pétrolière exploite un gisement le montant des royalties reversés au pays où se trouve ce gisement est compris entre 40 et 60% des revenus générés par la revente des hydrocarbures. Avec une production de disons 50 000 barils par jours vendus aux alentours de 100 dollars le baril, cela fait 5 millions d’euros de revenus par jours, soit 1,825 milliard par an. Si l’on y soustrait la part revenant à la région PACA cela fait 2 millions d’euro par jours moins les coûts de transports et de raffinage bien sûr. Mais quand même c’est un pactole, une machine à cash sur laquelle Marseille aura du mal à cracher même avec l’environnement dans la balance.

 

En termes d’emplois les possibilités sont également encourageantes. Du pétrole extrait au large de Marseille et raffiné à Fos s’signifierait une augmentation de l’activité du port pétrolier et de la raffinerie Total qui connait actuellement un ralentissement dans les volumes traités. De plus, une plateforme pétrolière pour fonctionner a besoin d’une équipe de 80 personnes travaillant 2 mois avant d’être remplacé par une autre équipe. Alors imaginer trois, quatre plateformes. Imaginer des employés recrutés localement. Bien sûr, si les politiciens locaux sont malins, ils feront signer une convention sur l’emploi aux compagnies exploitant les gisements. Les expatriés sont aussi dans la balance. Des compagnies étrangères s’installent à Marseille et dans sa région, cela implique de nouveaux mouvements économiques. Car sans tomber dans les clichés et la généralisation, les employés des compagnies pétrolières sont généralement bien payés (en moyenne aux alentours de 100 000 dollars par an). Cependant l’impact environnemental et le danger des catastrophes naturelles comme les marées noires et autres accidents industriels sur les plateformes par exemple, vont de pair avec un tel développement économique. Voilà tout est dit. Beaucoup de choses alléchantes sont dans la balance de même que des risques non négligeables. Aux Politiciens et bien sûr aux citoyens de rendre un verdict. Pour le moment, le gouvernement socialiste et leurs alliés écologistes bloquent tels des géants les autorisations pour le renouvellement des permis de forer dans la zone marine. Cependant, dans quelques années, quand le monde commencera à manquer de pétrole et que les dernières ressources mondiales seront en cours d’exploitation, ces géants pourraient bien être d’argile. Car écolo ou pas, quand l’approvisionnement en hydrocarbures est en jeu et que l’indépendance énergétique peut être atteinte, les gisements méditerranéens tombent à points nommés. Alors en 2050 quelques plateformes pétrolières pourraient occuper l’horizon au large des Calanques.

 

 

Texte et carte : Alexis Verdet, Charlène Dizac

Photo : Bloomberg

bottom of page